"armaggeddon".

C'était un combat sans merci. Les deux nanas échevelées se battaient comme des malades avec leur batte respective, elles se donnaient de sauvages coups dans la tronche : l'une avait le nez cassé et la lèvre inférieure craquée juste au milieu, l'autre avait un oeil poché et une énorme bosse sur la pommette qui dérrivait sur la tempe, qui se prolongeait en un bleu horrible sur la mâchoire. Elles bavaients, il y avait des effusions d'émoglobine dans tous les sens, elles criaient en abattant leurs coups sur leur adversaire et sous leurs pieds la pelouse du terrain de Quidditch n'était plus qu'un amas d'herbe piétinée et de boue humide mélangée au sang coagulé qu'elles avaient perdu et qui avait giclé jusqu'à par terre. C'était sanglant. Dans les gradins la foule criait leurs noms pour les encourager, certains lançaient des choses qui ne les tonchaient même pas. Les gens étaient en délire, ils planaient complètement, défoncés à la violence qui se déchaînait devant eux et qui les faisait jouir plus que le plus intime de leurs fantasmes les plus fous. Des deux batteuses en lice, une seule devait sortir vivante du combat, et visiblement ni l'une ni l'autre n'était décidée à y laisser sa peau. Bientôt elles seraient sûrement juste des morceaux de filles par terre et ça ne laissait grandir aucun doute que même comme ça elles continueraient de s'acharner pour ne pas être celle qui mourrait la première. La tension montait d'un cran chaque fois que l'une d'elle semblait faiblir, se prenait un coup qu'elle n'attendait pas ou commençait à perdre l'équilibre, menaçant de s'écrouler à tout instant avec que dans un élan d'instinct de survie elle ne reprenne ses esprits et se jette avec haine sur l'autre pour lui rendre son coup, et les coups s'enchaînaient comme ça avec de plus en plus de fatigue mais de plus en plus d'adrénaline aussi et le bruit de la batte qui s'abat sur la chair et brise des os se faisait de plus en plus horrible puisque la foule commençait à mesurer la réalité de l'évènement, et le silence tombait lentement pour ne plus laisser entendre que le bruit des coups et les grognements des combattantes ...

"Gnn ...".

Appuyée, avachie sur son balais, visiblement épuisée et meurtrie, Brune sort de son bordel de demi-sommeil et de son rêve particulièrement sanglant. Ca fait juste dix minutes, dix minutes ou peut être un quart d'heure, ouais plutôt, qu'elle glande sur le terrain. Mais il faut dire qu'aujourd'hui à la cafet il y avait eu tellement de taf que, si là elle était dans son lit, ben je suis sure qu'elle s'endormirait sans poser de question.
Il faut dire que Brune à le sommeil facile.
Si elle est là c'est juste qu'elle attend Sarah, mais oui Sarah vous connaissez Sarah ? En sport sur balais oui c'est ça, comme Brune, et justement elles sont censées s'entraîner là, maintenant. Il y a Brune, son balais, sa batte et la malle de Quidditch, en fait il manque juste Sarah, son balais et sa batte. Mais bon, d'après l'intuition de Brune [ qui est en principe particulièrement mauvaise ], elle devrait plus tarder. Enfin il faut dire que si elle devait arriver dans une heure je verrais pas tellement l'intéret de ce message. CQFD.
Et donc Brune se redresse, et s'étire.
La sensation exaltante quand les muscles se délient et que t'as d'un seul coup l'impression que ta cervelle est enfin réaprovisionnée en O2. C'est magique l'étirement. C'est comme une orgasme du corps tout entier. Donc, c'est bien.
Brune qui ferme bien son blouson bleu électrique, qui enfonce
bien son bonnet sur tête après avoir
bien remis ses cheveux dedans.
Elle fout un chewing gum extra-fort dans sa bouche histoire de se réveiller un peu et de faire des extra-bulles en attendant. Cela dit je vous avoue que je pense pas qu'elle va attendre encore très longtemps, puisque Brune est venue là en avance pour être sure de pas être en retard [ admirez son sens admirable de la logique ], et que l'heure de rendez-vous approche de quelques minutes. Ou quelques secondes.
Enfin remarquez, on s'en fout.