Arrivée sous la pluie [Libre]

Enfin, le pied de Keira toucha terre, après un bon nombre de minutes passées dans ce bus moldu. La jeune femme aurait pu transplaner, certes, mais en y réfléchissant bien, elle n'avait pas grand chose à faire de sa journée et passer du temps dans ce bus rempli de personnes ignorant tout de sa condition à elle, lui avait toujours prodigué une once de plaisir.
Pourquoi? Parce que peut être des anciens camarades de son école primaire se trouvaient à l'intérieur, ces gamins qui l'avaient tellement fait complexer, et qu'ils vivaient à présent une vie monotone alors qu'elle, elle avait la magie...
Descendant donc du bus, d'un pas appliqué pour ne pas tomber, la cage de sa chouette Natika dans la main gauche, l'autre main tirant sa lourde valise grisâtre, Keira fut surprise par la morsure du vent. La météo avait prévu un temps pluvieux aujourd'hui et la jeune femme s'était donc habillée en conséquence. Un jean moulant noir, une camisole grise et un long manteau noir aussi. La fille Curven avait enfilé une écharpe dans les tons gris, noir et blanc ainsi qu'un bonnet gris qui faisait ressortir ses longs cheveux bruns, bouclés, qu'elle avait attaché en queue de cheval. Le reste de ses accessoires se limitait à quelques bracelets dorés à chaque main et à ses bottes noires au talon ne dépassant pas les 4 centimètres.
Oui, il fallait l'avouer, même si Keira n'aimait pas trop se prendre la tête pour s'habiller, elle n'enfilait pas non plus la première sappe qui lui tombait sous la main...
La jeune Curven se mit donc en marche, le bout de son écharpe voletant derrière elle. Les quelques habitants déjà dehors à cette heure regardaient d'un oeil soupçoneux cette jeune femme et sa chouette blanche comme la neige tirer sa lourde valise dans la rue.
Paroxysme du bonheur pour Keira, elle n'avait pas fait plus de dix pas qu'une pluie fine commença à tomber sur la ville.

" F*ck, f*ck, f*ck... "

Jura-t-elle en Anglais, jugeant que le ciel ici comprendraient mieux la haine qu'elle lui vouait ce matin si elle le faisait en Anglais et non en Français, bien qu'elle maîtrisa les deux langues. Keira avait oublié où elle devait se rendre, enfin non, plus exactement, elle ne savait plus comment se rendre à la Wingardium University et la jeune femme se voyait mal interpeller un passant pour lui demander son chemain, il la prendrait probablement pour une folle... Rageant intérieurement d'avoir une si petite mémoire et pestant contre la pluie qui s'intensifiait, l'aînée Curven sentait dans la poche gauche de son manteau, la longue baguette de bois. Elle aurait pu s'en servir, mais pour faire quoi, hein? Rammeter les services magiques qui lui rappèleraient qu'il ne fallait pas user de la magie devant les Moldus et ainsi leur demander où se trouvait l'université?

* Hum... Non, mieux vaut éviter... S'il vous plaît, Dieu, si vous existez... Faites-moi un signe, n'importe quoi... Qui m'aide à trouver mon chemain... Et faites cesser cette pluie... *

Keira se faisait un peu pitié ainsi, à quémander quelque chose qu'elle n'obtiendrait probablement pas. Cela la fit même sourire alors que les mèches de ses cheveux se collaient à son visage trempé. Et finalement... Peut être que ça fonctionnerait quand même?

"Mais non mon chéri ... Bien sûr je t'en veux pas ^_^ Bon courage ... Moi aussi ... A demain !"

C'est avec une moue renfrognée contredisant la bonne humeur qu'elle venait de feindre que Raphaëlle raccrocha son téléphone portable dernier cri, avec un petit trèfle en plastique suspendu au bout d'une chaîne argentée. C'est que la formation d'Auror d'Adrian lui prenait beaucoup de temps, et si les stages surprises étaient un ravissement pour le jeune homme, ce n'était que modérément le cas pour sa petite amie.
Assise seule au comptoir du Remembrall, ses formules d'Arithmancie étalées devant elle sur des feuillets en carton (tout de même plus pratiques que les parchemins) à côté d'une pinte de Guiness aux trois quarts vidée, la jeune fille balança son portable dans son sac à main sans fond. Sans fond, oui. Il lui arrivait parfois d'en sortir une chaise pliante, un parasol, ou encore une guitare (qu'elle ne savait d'ailleurs pas jouer) quand cela lui plaisait. Ce qui pouvait parfois s'avérer bien pratique ... mais ne prévenait malheureusement pas contre les lapins.
C'est dans ce même sac que Raphaëlle plongea le bras jusqu'au coude, brassant les multiples objets aux formes et textures variées, jusqu'à ce qu'elle en ressorte un petit paquet rectangulaire orné de la mention Malboro. Elle laissa là ses affaires de cours, mais avant de sortir, au vue du temps grisâtre et de la bruine qui s'écoulait sur les carreaux, elle prit le temps d'enfiler sa veste de tailleur bleu ciel.
C'est vêtue de cette veste, d'un débardeur à dos nageur vert prairie, d'un slim en jean aux poches avant et arrière pailletées de strass et au bas dissimulé par des Santiag marrons que Raphaëlle sortit du pub, s'abritant sous la devanture pour griller cette cigarette salvatrice qui l'aiderait à évacuer la déception.

Marchant la tête baissée pour éviter que la pluie ne vienne fouetter son visage, Keira avançait les épaules basses et le pas lourd. La jeune femme savait que ce qu'elle allait faire était interdit mais après tout, il n'y avait plus âme qui vive dans la rue, probablement à cause du temps de chien.

" Par la barbe de Merlin, tant pis... "

Pesta la jeune femme. Keira, arrètant de marcher, sortit discrètement la baguette en bois de bouleau de sa poche et se concentra tout en pointant la valise grise

* Locomotor Barda... *

La valise s'éleva alors à quelques centimètres du sol, juste assez pour que l'aînée Curven n'ait plus qu'à la tirer sans pour autant que cela ne se remarque. Pas que cela ne se voit pas, juste qu'il aurait fallut porter une grande attention à la valise pour se rendre compte qu'elle flottait et non roulait. C'est alors que, sur sa gauche, la porte d'une boutique s'ouvrit et une personne sortit dans la rue avant de s'abriter sous la devanture pour fumer une cigarette. Keira rangea sa baguette et attrapa à nouveau la poignée de sa valise puis tourna la tête vers l'autre jeune femme. Elle devait avoir à peu près son âge, peut être était-elle un peu plus vieille mais pas énormément. Son regard dévia ensuite vers le magasin.
A bien regarder le nom sur l'enseigne, "Le Remembrall", Keira tilta enfin. Elle avait déjà entendu parler de ce bar, un endroit sur lequel avait été jeté un sort anti-Moldus. Situé non loin de la Wingardium University, il était le point de rendez-vous de nombreux étudiants.
Oubliant la pluie qui avait trempé sa tenue, Keira s'avança d'un pas presque joyeux vers la silhouette féminine, se fichant de tomber ou non sur un sale caractère pourvus qu'elle puisse lui indiquer la direction de l'université. Arrivée à sa hauteur, Keira s'éclaircit la voix :

" Hum... Bonjour! Excusez-moi de vous déranger... Enfait, je vous ai aperçut sortir du Remembrall et je me disais que vous pourriez probablement m'indiquer où se trouve la Wingardium University? "

La jeune Curven avait voulut se justifier, expliquer qu'elle avait beau habiter non loin de Londres, elle ne s'était jamais intéressée à l'Université ni à sa localisation jusqu'à ce qu'il devienne urgent qu'elle le fasse. Mais elle ne voulait pas déranger trop longtemps cette possible âme charitable qui lui rendrait service.
Lui laissant le temps de tirer quelques bouffées de sa cigarette, Keira regarda au travers de l'épaisse vitrine du bar. Moderne et rustique à la fois, comme les anciens pubs Londoniens, il semblait y reigner une amosphère chaleureuse et confortable en comparaison au temps froid et humide à l'extérieur. Mais ce qui retint l'attention de la jeune femme, ce fût la grandeur de la pièce principale tandis que le bar vu de dehors semblait petit.

* Un sortilège pour agrandir l'espace probablement... *

Quoi qu'il en soit, Keira était déjà certaine d'une chose : Le Remembrall était un lieu où elle passerait énormément de temps! Son inspection détaillée du lieu ne lui avait pris que quelques secondes, la jeune femme tourna à nouveau la tête vers son interlocutrice qui n'avait pas encore soufflé mot. La jeune femme en face d'elle était très jolie, petite et fine. Ses cheveux châtains coupés en carré court avec une mèche effilée garnissant son front lui donnaient une allure sage et féminine. Ses yeux noisettes, quant à eux, étaient très expressifs et laissaient transparaître une certaine déception chez la jeune femme.
Ne voulant pas la brusquer ou la faire risquer de partir, agacée, Keira attendit sans mot dire, le temps qu'il faille à son vis à vis pour se rendre compte de sa présence.